La Lettre


                                                    Ma chère Marlène...


Ma chère Marlène

Je commencerai cette lettre en te demandant de bien vouloir me pardonner. Je voudrais que tu me pardonnes pour tout ce que je t’ai fait, et pour ce que je m’apprête à faire. Je regrette du plus profond de mon âme, cette vie pleine de tristesse que je t’ai fait mener et et j'ai du remord pour chacune de ces larmes que j’ai fait couler sur tes joues et sur ton cœur. Ce cœur qui m’a tant aimé, profondément, passionnément, obsessionnellement ; mais qui n’a jamais réussi a brisé la froideur du mien.

 Je l’ai endurci, je l’ai nourri d’une rancœur si forte, et d’une colère si grande que malgré tout tes efforts, rien n’aurait put l’attendrir. 

Cette colère est née le jour où j’ai compris que toute mon existence, tous mes projets, tout ce que j’avais imaginé pour mon avenir ne se réaliserait jamais, le jour où mes parents m’ont dit que je t’épouserais de gré ou de force parce que tu étais enceinte de moi. Les sentiments que j’ai ressenti à ce moment là étaient d’une violence sans nom, je savais que je ne pouvais pas aller contre la volonté de mon Père, et que ma Mère ne pouvait qu’accepter la situation, elle n’aurait de toute façon pas compris les motivations qui me poussaient à refuser ce mariage, Je ne pouvais de toute façon jamais lui en parler. 


                                Je pouvais pas aller contre la volonté de mon père
                                              

C’est vrai, nous formions le couple idéal, nous étions jeunes, beaux et…amoureux. Amoureux, c’est ce que je t’ai laissé croire, et que je laissais voir, mais je ne l’étais pas, du moins pas de toi. 
Je t’ai choisi parce que tu étais mon amie la plus proche, nous nous connaissons depuis que nous somme tout petit, et mes parents t’apprécient depuis toujours.Tu te souviens, ils nous avaient même mariés à la fête de Mardi gras qu’ils avaient organisés quand nous étions à la marternelle, j’étais déguisé en Prince Charmant et toi tu portais un costume de Belle Princesse. Je n’aurais jamais cru que ce mariage enfantin devrait devenir officiel un jour. Et cela même quand nous avons commencé à sortir ensemble, et que tu es devenu aux yeux de tous ma petite amie.
 Tu as toujours été amoureuse de moi, tu me l’avais dit dans cette longue et belle lettre que tu m’avais écrite. Tu ne pouvais plus contenir tes sentiments et continuer de m’aimer en silence, c’était pour toi une trop grande souffrance. J’ai été très touché par cette merveilleuse marque d’affection, mais malheureusement je ne partageais pas tes sentiments. Je sais que tu as été blessée quand je te l’ai avoué, et je me souviens que tu m’as alors demandé si je t'aimais pas parce que je préférais les garçons, Je t’ai répondu…non.
 Quelques temps après, je suis revenu sur ma décision de ne pas être avec toi, et nous avons alors entamé une relation, simple, belle et pure.


                    Nous formions le couple idéal


Avant ça, des  rumeurs circulaient au sujet de mes préférences sexuelles, on me soupçonnait d’être homosexuel, parce que je n’avais pas de petite amie, je ne draguais jamais de filles, et je paraissais insensible à leur charme et à leurs avances. 
En fait,à cette époque, je n’avais que les études comme centre d’intérêts, le reste n’avait pas vraiment d’importance. Ni l’amour, ni les femmes et encore moins toutes ces rumeurs pleines de stéréotypes à mon sujet.

Mais les choses ont changé quand j’ai commencé ma troisième année de médecine. J’ai décidé d’être avec toi, ce revirement de situation est arrivé parce que je suis finalement tombé amoureux, oui follement amoureux…d’un garçon. Etre en couple avec toi, était la meilleure façon d’éloigner les soupçons qui pesaient sur moi, et de pouvoir ainsi vivre sereinement cet amour interdit en secret. 
Il s’appelait Marcel, il était avec moi en faculté de médecine, il venait juste d’y entrer quand moi je commençais ma troisième année. La première fois que je l’ai vu, j’ai enfin compris ce qu’on appelle le coup de foudre, je n’arrêtais pas de le dévisager, il était si beau, si parfait, son sourire m’hypnotisait, et quand ses yeux en amande se sont posés sur moi, j’ai cru que mon cœur allait bondir de ma poitrine. 
Tout le monde fut étonné que je me propose pour être son mentor, étant donné mon comportement habituellement froid, taciturne et distant, qui me valait le surnom de « glaçon ».
 Marcel a su aisément faire fondre ce glaçon et briser la glace entre nous, c’était un jeune homme jovial et plein d’entrain, qui me communiquait son énergie et sa joie de vivre, son amitié m’avait changé. 

                                                          Marcel
                            
Je m’étonnais souvent de son pétillant caractère qui n’était pas commun pour un futur médecin, il m’expliqua qu’il avait toujours eu une âme d’artiste, comme le disait si bien sa mère, et qu’il avait toujours rêvé d’être créateur de mode, de voyager partout dans le monde pour des défilés et de montrer ses créations sur des podiums internationaux. Mais son Père était contre cette idée, il voulait que son fils fasse un métier « sérieux ». Je comprenais cette emprise que pouvait avoir les parents, mon Père en est l'exemple type. 
Mais Marcel avait lui au moins un exutoire, sa Mère qui vivait à l’étranger depuis qu’elle avait divorcé de son Père, elle partageait son esprit libre et c’était un vrai bonheur pour lui quand il allait la retrouver pour passer les grandes vacances avec elle, il pouvait enfin s'épanouir.

Notre amitié se mit à grandir au fil des jours, nous avions une très forte complicité, et notre relation était fusionnelle, à tel point que nous commencions à sentir tous les deux que ça n’était plus vraiment que de l’amitié. 
Un soir, il m’a déclaré qu’il m’aimait…plus qu’un ami, surpris je n’ai rien pu répondre, et lui, il m’a juste embrassé. 

Nous avons passé une merveilleuse nuit d’amour, la première pour lui et moi. 
Tout était parfait, si parfait que j’avais totalement changé, tout le monde me trouvait plus souriant, plus aimable, plus heureux, très heureux, comme si j’étais amoureux, trop amoureux. Mais de qui ? 



                                          Nous avions une très forte complicité


Mon bonheur était menacé, il fallait que je fasse quelque chose pour le préserver. J’ai donc pensé à devenir ton petit ami pour que mon histoire avec Marcel ne soit pas découverte. Les choses ont marché comme je l’espérais, tu as accepté d’être ma petite amie, et plus personne n’a rien eu à redire sur mes penchants. 

Cependant Marcel à découvert ma « couverture », mais je lui ai assuré qu’il était le seul que j’aimais et que je ne couchais même pas avec toi, ce qui était vrai, il a donc fini par accepter la situation. 
Tout était à nouveau parfait, et plus rien ne pouvait entacher ce bonheur. 
Mais là encore, je me trompais, à la fin de l’année académique, Marcel est venu me dire qu’il avait une grande nouvelle, il allait pourvoir réaliser son rêve, étudier la mode et devenir un grand styliste, il laissait tomber la médecine, juste comme ça, sa passion était trop grande, ça ne m’étonnais pas de lui, il était si spontané, si explosif, il croquait la vie à pleine dent, tout le contraire de moi, qui faisait tout comme il fallait, et quand il fallait, et surtout comme il voulait.
 Mais ce projet, Marcel ne le réaliserait qu’en allant rejoindre sa mère en Europe. Ce fut un coup terrible, j’allais perdre l’amour de ma vie, ça le rendait triste, mais c’était une opportunité à ne pas rater. Il me promit qu’il viendrait dès qu’il pourrait, pendant les grandes vacances, les congés de Noel, et que ça ne changerait rien entre nous, mais je n’en voulais pas de ces miettes, il était à moi et je ne voulais pas qu’il s’en aille. Je lui en voulais, même si je le comprenais, j’aurais sûrement fais la même la chose, si j’avais eu son courage, sa spontanéité, mais mon désespoir et mon orgueil étaient trop grands. J’ai essayé de les noyer dans des verres d’alcool.

 Je me suis vite rendu compte que ça ne servait à rien, j’ai donc fini par aller pleurer dans tes bras, je ne pouvais pas te donner la raison de ma peine, mais tu m’as quand même consolé, tu avais toujours été là pour moi, et ce soir là j’ai voulu te remercier. Je ne sais pas si c’était vraiment par reconnaissance, par vengeance, ou à cause de l’abus d’alcool, mais nous avons fait l’amour…enfin. C’était une nuit passionnée où tu t’es donné corps, cœur et âme, c’était la première fois pour toi, et aussi pour moi, avec une femme. 
Tu as passé ce moment avec l’homme que tu aimais et moi je n’ai pas cessé de pensé à celui que j’aime. 

                        C’était une nuit passionnée où tu t’es donné corps, cœur et âme.

Marcel est parti quelques jours après, je ne voulais plus avoir de contact avec lui, il m’avait brisé le cœur, ce cœur que je lui avais offert. J’essayais de l’oublié en ta compagnie, je me forçais à croire que j’arriverais à t’aimer, comment n’aurais je pas pu ? Tu étais si douce, si prévenante, si attentionnée. Je t’aimais pour ça, mais tu n’étais rien d’autre qu’une amie.

 Marcel me manquait terriblement, et d’avoir coupé les ponts avec lui me faisait atrocement souffrir. Je ne répondais ni a ses appels, ni a ses sms, je l’avais même supprimé de mon MSN et de mon Facebook. Un mois et demi après son départ, je n’en pouvais plus, et j’ai fini par accepter de lire un des nombreux e-mails qu’il m’envoyait depuis qu’il était parti. Il m’annonçait qu’il avait pu trouver grâce à sa Mère, une bourse pour étudiant en médecine, et que j’allais pouvoir le rejoindre et continuer mes études près de lui, et que nous  pourrions aussi continuer notre merveilleuse histoire d’amour, sans que rien ne nous empêche d’être heureux.

 J’étais perplexe au départ, mais après m’être renseigné sur cette fameuse bourse, je me suis rendu compte que c’était sérieux, et que c'était l’idéal pour ma future carrière de chirurgien, et qu’en plus je pourrais vivre en plein jour mon histoire avec Marcel loin des craintes dans un Pays aussi ouvert d’esprit que l’Angleterre. A nouveau une perspective de bonheur parfait s’offrait à moi, mais j’avais déjà fait l’amère expérience que ce bonheur apparent précédait un évènement fâcheux. La règle ne fut pas dérogée, puisque c’est ce jour là, que tu m’annonças que tu portais une grossesse, et que cet enfant était de moi…Notre amour, ou plutôt ton amour était devenu un petit être qui grandissait dans ton ventre. 
Tu me l’as annoncé sûre de me rendre heureux, et de nous rapprocher un peu plus. 



                                    Tu me l’as annoncé sûre de me rendre heureux. 


Bien au contraire, je voulais te voir disparaître en emportant avec toi cet enfant que je n’avais jamais voulu, tu comprends aujourd’hui la fureur que j’ai ressentie. J’étais effondré, je n’avais absolument pas prévu ça, c’était le pire moment pour que ça arrive. J’ai du l’annoncer à Marcel, il avait accepté ma relation platonique avec toi, mais ça il ne me le pardonnerait jamais. J’étais désemparé, rempli de tant de tristesse, de tant de peine, et cette peine c’est rapidement transformée en haine, en rancœur contre toi, la Mère de tous mes malheurs. Quand mes parents m’ont annoncé que je devrais t’épouser, pour sauver « l’honneur » de la famille, je t’ai vraiment détesté, c’était le couperet qui mettait définitivement fin à mes espoirs de vivre avec Marcel. 

Nous nous sommes mariés un mois plus tard, et je te voyais prendre des formes et t’arrondir au fil des mois qui ont suivi. J’étais froid, distant, parfois même méprisant. Chacun de tes gestes d’amour, toute tes marques de tendresse, d’attention, m’enrageais et augmentais la colère que j’avais contre toi, je voulais que tu me déteste, que tu souffre de me perdre, comme je souffrais d’avoir perdu le seul amour de ma vie. 


Ce fut laborieux, mais je suis parvenu à mes fins, j’ai fini par te rendre triste, tu t’aies recroquevillé sur toi-même. Cependant je savais que tu ne me haïssais pas, ton cœur si bon, n’en était pas capable, tu étais simplement résigné. Tu devais surement te consoler en donnant tout ton amour au bébé. Je t’entendais souvent pleurer la nuit dans le lit, ou quand tu pensais que tu étais seule, mais ma rage était si féroce, que je n’avais aucune compassion. Je me suis replongé à corps perdu dans mes études, et je ne pensais plus qu’a ma carrière. 



                                   J’étais froid, distant, parfois même méprisant. 


C’est quand tu as accouché prématurément, avec tant de difficultés, et que tu avais failli y perdre la vie, que je me suis rendu compte que j’avais été trop loin. Ton état te rendait si fragile, moi j’étais si dur, toi si triste, et cet enfant qui n’avait rien demandé, rien fait, souffrait aujourd’hui à cause de moi. Je me suis radoucit, et j'ai brisé ce mur que j'avais construit entre nous. 
J’ai décidé que nous l’appellerions Marcel, il aurait le nom de l’homme que j’ai le plus aimé de toute ma vie, parce que c'est lui que j’allais couvrir de tout mon amour maintenant…Je l’ai aimé cet enfant, et je l’aime encore, mais il n’a vécu que deux semaines, avant de s’en aller pour devenir un Ange, là-haut dans le ciel. 
C’était la deuxième fois que je perdais une personne que j’aimais autant et c’était encore un Marcel. 
Après cette tragique épreuve, la vie n’avait plus aucune saveur, nous nous sommes inexorablement éloignés l’un de l’autre, je m’en voulais terriblement. Tout depuis le début avait été de ma faute, je t’ai entrainé dans cette histoire insensée, et tu en sorti si profondément meurtrie. J’aurais dut prendre mes responsabilités, assumer ce que je suis, affronter le « qu’en diras t’on », mais j'ai été lâche.
 Nous sommes restés ensemble encore quelques temps, mais il ne restait plus que des ruines autours de nous.
 Tu as finalement décidé de me quitter, et je ne te retiendrai pas, pas parce que je ne t’aime pas, mais au contraire parce que je t’aime vraiment beaucoup. 
J’espère que tu pourras me pardonner et trouver le bonheur, parce que tu es une personne formidable, la meilleure Amie que je n’ai jamais eue.

Je sais que j’ai tout perdu aujourd’hui, j’ai donc décidé de partir, je ne sais si je serai plus heureux dans ce monde inconnu, mais pour une fois je prends le risque et je l’assume. J’espère que tu arriveras à me pardonner aussi pour ça.      
Ton fidèle ami Aristide


Aristide met la lettre dans une enveloppe, et après avoir écrit le nom de Marlène au dos de celle-ci, il la pose sur la table au chevet du lit. Ensuite, Il ouvre une boîte rempli de cachets et en prend quelques uns, puis il les avale avec un verre d’eau…

Il se lève ensuite, soulève les valises qui sont à l’entrée, et sort de l’appartement, il a dans la main, son passeport et un billet d’avion…pour Londres…               


                        Il a dans la main, son passeport et un billet d’avion…pour Londres…

2 commentaires:

  1. c trist mai lamour est plu for ke tou dommage pou marlene :(

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    1. Hé oui, mais c'est surement mieux pour elle et pour tout le monde, chacun aura une chance de vivre son bonheur...

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