J’ouvre les yeux péniblement, je suis encore un peu
dans les nuages, je dois même être assis dessus, tout est brumeux, j’ai
l’impression de flotter, et je sens une odeur que je connais. Elle n’est pas
vraiment agréable, mais elle me rassure.
J’ai le regard embrumé, je vois des formes, j’entends des sons, mais je ne distingue rien de précis, tout est flou. J’ai toujours cette impression de planer, c’est une sensation délicieuse, j’ai jamais aussi bien dormi, et surtout, je ne me suis jamais aussi bien réveillé. Pourtant la journée d’hier était exécrable, elle a très mal commencée et elle s’est déroulée tout aussi misérablement. C’était vraiment une mauvaise journée.
J’ai le regard embrumé, je vois des formes, j’entends des sons, mais je ne distingue rien de précis, tout est flou. J’ai toujours cette impression de planer, c’est une sensation délicieuse, j’ai jamais aussi bien dormi, et surtout, je ne me suis jamais aussi bien réveillé. Pourtant la journée d’hier était exécrable, elle a très mal commencée et elle s’est déroulée tout aussi misérablement. C’était vraiment une mauvaise journée.
J’ai le regard embrumé, je ne distingue rien de précis...
Pour commencer je me suis réveillé en retard, très en retard, parce que j’ai dormi très tard, vers 04h 30. Je devais réviser, pour être blindé face à la pluie d’interro qui nous attendait le lendemain et les jours suivants. C’est la fin du semestre, et on a des interrogations dans toutes les matières. Celle que je redoute le plus, celle que je déteste, celle que je hais, c’est les math. Je sais pas à quoi à ça sert ce truc. Bon ! 1+1=2 ou 2x2=4 là, ça au moins je peux comprendre, ça c’est la base, mais les x de ln² qui cherche inconnu de je ne sais quoi de chez qui, de faire quoi avec ça ? On fait quoi avec ça ? Je vais pas travaillé à la NASA moi.
J’ai bossé toute la nuit, jusqu'au petit matin, la philo, le français, l’anglais, même les S.V.T pas de problème, mais c’est les math là seulement ça rentre pas, y’a pas moyen. C’est pas grave, ce qui est sûr, j’ai fais ce que je pouvais, et de toute façon ce n’est qu’une matière secondaire.
Les math là seulement ça rentre pas, y’a pas moyen....
Je me prépare donc à la vitesse de l’éclair, et je me mets en route, pour aller prendre mon wôrô wôrô. J’ai couru, je suis essoufflé, heureusement je ne transpire pas, je ne vais quand même pas arrivé à l'école avec des auréoles sous les bras.
Voilà un wôrô wôrô qui arrive, la place de devant est prise, c’est celle que je préfère, c’est surtout celle que je mérite, c’est tellement plus confortable. Mais c’est pas le moment de jouer les Divas, je lui fais signe de s’arrêter, j’ouvre la portière pour m’asseoir, mais avant que je comprenne quoi que ce soit, je sens quelqu'un me pousser violemment et me retenir, pendant que deux autres personnes rentre précipitamment dans le véhicule, et que celui qui me retenait prenne place à côté d’eux. Les choses se passent si rapidement que je n’ai même pas le temps de réagir. La portière se referme et la voiture démarre, me laissant planté là, la bouche ouverte et les yeux hagards. Une tête sort par la fenêtre ouverte, et on me tire la langue en me faisant un doigt d’honneur. Je reconnais mes ravisseurs, c’est Boris et ses deux acolytes. Des élèves de mon école qui habitent dans mon quartier, trois abrutis sans cervelle qui n’arrêtent pas de me martyriser dès qu’ils en ont l’occasion. Je sais pas pourquoi ils sont pressés d’aller à l’école, ils ont toujours été incompatibles avec les études, ils ont repris toutes les classes où ils sont passés, Boris se retrouve à 21 ans en Seconde, et aigris de notre niveau scolaire et de la fraîcheur de nos 16 ans, il terrorise toute la classe, avec sa corpulence de gorille argenté du Congo, et son agressivité de Taureau en rut.
Maintenant, grâce à lui je vais être encore plus en retard que je ne le suis déjà…Entre mon sprint pour prendre mon waren, et la colère qui monte en moi à cause de ses trois idiots, je sens que mon souffle se raccourci, et ma respiration devient filante, voilà, j’ai ma crise d’asthme qui se déclenche.
Je vais prendre mon inhalateur dans mon sac, et comme si ça ne suffisait pas, je me rends compte que je l’ai oublié à la maison dans ma précipitation. Il faut que j’y retourne, mais d’abord je dois me calmer, je pense aux leçons de respirations relaxantes qu’on nous donne au Dojo ou j’apprends l’Aïkido avec mon Oncle. Maman m’y a inscrit pour que j’apprenne à contrôler mon asthme, et aussi, mais ça c’est moins officiel, pour me « viriliser ». C’est vrai que je suis un garçon un peu « maniéré »,on va dire ça comme ça, donc elle a jugé bon de me faire faire ce sport de « garçon », c’est toujours mieux que les séances de délivrances que j’ai pu éviter grâce à l’intervention de mon Père. Mon maître, Tonton Donatien, lui trouve que la féminité de mes gestes apporte de la finesse à la puissance de mes coups et rend mes mouvements gracieux, une espèce d’équilibre entre le yin et le yang qui rend esthétique ma pratique de cet art martial, mais ne le dites surtout pas à Maman.
J’ai récupérer mon inhalateur, je pompe deux coups au fond de ma gorge, et ça va beaucoup mieux. Je repars pour prendre mon wôrô wôro, un coup d’œil sur ma montre, il est vraiment tard là, je n’y arriverais pas à temps si je prends un wôrô wôrô. Je décide donc de prendre un taxi compteur, c’est plus cher, donc j’aurai pas assez d’argent pour le retour, et aussi pour manger le midi, mais c’est pas grave, je trouverai une solution.
J’ai récupérer mon inhalateur, je pompe deux coups au fond de ma gorge
J’arrive à l’école, bien sûr tout le monde est déjà en classe, je me place devant la porte ouverte et je fais une mine de chien battu pour attendrir le prof de philo, il m’aime bien, je suis son meilleur élève. Il me fait signe de rentrer, j’ai quinze minutes de retard, j’ai pu le convaincre de m’accepter, mais il ne reprendra pas l’interro pour moi. Et voilà des points de perdus, alors que j’aurais pu avoir une super bonne note, je m’en rends compte quand je vois l’énoncé que me tend ma voisine, un regard mauvais à Boris, le cancre qui est assis au fond de la classe, il mime qu’il va me gifler si je le regarde mal encore, je lui tire la langue comme il me l'a fait auparavant, et m'apprête à lui rendre aussi son doigt d'honneur, quand le prof qui nous regardais, nous ramène à l’ordre et nous demande de suivre le cours.
C’est la deuxième heure, on a cinq minutes avant que le prof d’anglais n’arrive, je m’affaire avec ma voisine, et pendant qu’on parle je lance des regards à Boris et je le montre du doigt. Il n’en faut pas plus pour réveiller la bête, il fonce vers nous avec un air très menaçant. Je reste très calme, il me pousse violemment l’épaule, et me demande pourquoi je parle de lui, je croise les bras, et garde un air serein. Le prof d’anglais, que j’avais vu, viens de rentré et a assisté à la scène. Boris écope d’un avertissement et dois s’excuser. Je le toise de haut en bas avant d’accepter ses excuses d’un air dédaigneux. Tout la classe pousse de petits cris, qui ne font qu’ébouillanter notre ami déjà sur les nerfs, mais je m’en fous, il peut me faire quoi ?
Le prof d’anglais, qui reste fidèle à ses méthodes originales d’enseignement, décide que l’interro sera orale, mais cette épreuve orale consistera à un échange entre deux élèves sur différents sujets. Les interlocuteurs sont choisis par tirages au sort ; mes projets de rattraper mes points perdus en philo, en faisant équipe avec ma voisine, qui est super calée en anglais comme moi, tombent à l’eau. Non, non et non, je ne vais pas faire l’épreuve avec Boris, non ? Il va me saboter mon interro, cet idiot. Mais je n’ai pas le choix, je suis obligé de le faire avec lui. On commence alors l’exercice, on doit débattre sur « la protection des animaux en voie de disparition », quel plus bel exemple que celui qui est en face de moi ? Mon accent, mon vocabulaire, ma conjugaison, tout est impeccable, mon prof est en admiration, mais j’ai l’impression que je fais une prestation en solo ; Boris ne pige pas un seul mot, le niveau est trop haut, il n’est pas capable de répondre à une seule de mes interventions. Ses yeux rougissent de honte, et la gêne le fait transpirer à grosses gouttes, le prof met un terme à ses supplices. Je récolte un superbe note, et lui une grosse humiliation.
C’est le moment de la récré de 15mn, en attendant la troisième heure, l’heure de ma bête noire, les mathématiques. Je suis assis sur un banc dans la cour avec ma voisine, afférage va nous tuer, on lit le magazine people « Life » qu’elle a envoyé, on fait notre Fashion Police, on se moque des gens mal fringués et de leurs excentricités, surtout en boîte de nuit, les gens exagèrent dêh ! Moi aussi mon afférage n’est pas doucement. Je fais de grands gestes, et je parle très fort. C’est à ce moment que Boris la brute apparaît, avec ses deux « Akoto Yao ». Il me menace, il me crie dessus, il me dit d’arrêter de parler lui, sinon je vais le regretter, ses deux choristes sont là pour appuyer ses propos. Il a les yeux injectés de sang, et les veines de tout son corps sont sur le point d’exploser. Des élèves sont attirés par la scène, ils commencent à se rapprocher, d’ordinaire je n’aurais pas dit un mot, mais je commence à en avoir ma claque de ce trio de vanupieds, et je n’ai pas digérer leur coup de ce matin qui m’a mit en retard et m’a fait perdre des points dans ma matière principale. Je me place devant lui, et avec assurance, je lui demande s’il a entendu son nom dans ma bouche, je n’ai rien à faire et puis je vais parler d’un minable comme lui, il n’a aucun style, aucune élégance, aucune prestance, même le zoo n’en voudrait pas de lui et de sa clique, trop effrayant pour les enfants, avec ses traits aux allures de Babouin Mystique. « Wouhoooo » Crie toute l’assistance, je suis dépassé par un tel succès, j'aurais pas cru, mais ça me plaît. Ma voisine trépigne de joie, Boris lui, a de la fumée qui lui sort par les oreilles et les narines. Moi je souri et tape dans la main de ma voisine qui m’encourage.
Boris lui, a de la fumée qui lui sort par les oreilles et les narines...
Une lueur éblouissante dans l’œil droit, et une forte douleur sur la joue me font vaciller légèrement. Je reprends mes esprits en secouant la tête et en clignant des yeux. Le silence est lourd, et contraste fortement avec la ferveur qui le précédait, Boris m’a giflé, et quelle gifle, en tout cas c’est bien rentré. J'ai à peine retrouvé mes sensations, qu’il envoie une deuxième claque. Mais celle là je l’ai vu venir, réflexe d’arts martiaux aidant, je bloque net l’élan de sa main qui s’apprête à meurtrir à nouveau ma joue déjà en feu, je lui tords le poignet à 260°, et lui assène un coup de pied dans le sternum, qui ma foi avait beaucoup plus de yang que de yin, à tel point que mon adversaire est projeté violemment et s’étale lourdement sur le sol. Les «vivats » reprennent encore plus fort qu’auparavant. Boris se tient la poitrine, il est désemparé, entre le coup qu’il vient de recevoir, le physique frêle de celui qui l’a donné, et les moqueries de l’assistance survoltée, y’a de quoi l’être. Il se relève difficilement, lentement, il ne s’est peut être pas remit du choc, ou il hésite à m’affronté à nouveau, ou encore les deux. De toute façon voilà le surveillant qui arrive, il a été attiré par le boucan que faisait la foule, tout le monde s’écarte, nous sommes conduit Boris et moi dans le bureau du surveillant principal. Nous attendons vingt minutes dans la salle d’attente. Boris a le regard fixe, il se tient encore la poitrine, ça le loupe, moi j’ai encore un peu mal à la joue, mais je fais comme si de rien n’était.
La porte s’ouvre enfin et laisse apparaitre le
surveillant principal en compagnie du professeur d’anglais. Le surveillant
principal se tourne vers Boris et lui dit qu’il est fatigué de le voir dans son
bureau à cause de sa mauvaise conduite, et de sa brutalité, le prof d’anglais
fait remarquer que déjà le matin, il l’avait obligé à me présenter des excuses
parce qu’il m’avait bousculé, et pour tout arranger, le professeur de philo
fait aussi son entrée et renchérit en parlant de notre petite altercation à son
cours. Tous ces témoignages compromettants pour Boris, pendant qu’on parle en
des termes élogieux de moi, David le petit Ange, pur et sans défauts… Il n’en faut pas plus pour que le surveillant
principal décide de me laisser repartir en classe, et de me rassurer que je
n’aurais aucune sanction, vu mon excellente conduite en général. Je suis
soulagé, qu’aurait pensé Maman de cette histoire, que l’Aïkido c’est violent,
il faut que j’arrête, et Papa, d’un naturel si calme, n’aurait pas du tout apprécié
que son fils se comporte de la sorte, je m’en sors plutôt bien. Quant à Boris,
il est acculé par les trois hommes qui l’accablent de reproches, il garde la
tête baissée, je crois voir une larme. J’avoue qu’à ce moment là, je ressens un
peu de pitié pour lui.
Je retourne en classe, le prof de math est là, je suis sûr qu’il sent la haine que j’ai pour sa matière, il n’a pas l’air de m’aimer, et bien moi non plus je ne vous aime pas cher Monsieur, vous et votre sale matière.
Je fais mon entrée en Diva, j’entends presque des applaudissements…très silencieux. Je tends nonchalamment mon billet d’excuse dûment délivré par le surveillant, un regard panoramique à mes fans, avant de rejoindre ma place en tapant discrètement dans quelques mains qui me sont tendu sur mon passage. Je m’assois et je croise mes jambes élégamment. Ma voisine est admirative, elle me chuchote mes éloges. J’ai trente minutes de retard, j’ai raté l’interro de math, mais au moins je n’aurai pas de zéro, et en plus j’ai pas eu à subir le calvaire de cette épreuve sordide. Le professeur efface le tableau et se retourne vers nous. Quoi ?! Comment ça rangez les cahiers ? Et c’est quelles feuilles on doit prendre ? C’est pas vrai, on va faire l’interrogation maintenant, puisque la « star », selon les termes du professeur, est enfin arrivée ? Il m’adresse un sourire machiavélique, je l’avais dit, il me déteste. Si c’est pas la poisse ça là, je connais pas le nom…
Boris est acculé par les trois hommes qui l’accablent de reproches...
Je retourne en classe, le prof de math est là, je suis sûr qu’il sent la haine que j’ai pour sa matière, il n’a pas l’air de m’aimer, et bien moi non plus je ne vous aime pas cher Monsieur, vous et votre sale matière.
Je fais mon entrée en Diva, j’entends presque des applaudissements…très silencieux. Je tends nonchalamment mon billet d’excuse dûment délivré par le surveillant, un regard panoramique à mes fans, avant de rejoindre ma place en tapant discrètement dans quelques mains qui me sont tendu sur mon passage. Je m’assois et je croise mes jambes élégamment. Ma voisine est admirative, elle me chuchote mes éloges. J’ai trente minutes de retard, j’ai raté l’interro de math, mais au moins je n’aurai pas de zéro, et en plus j’ai pas eu à subir le calvaire de cette épreuve sordide. Le professeur efface le tableau et se retourne vers nous. Quoi ?! Comment ça rangez les cahiers ? Et c’est quelles feuilles on doit prendre ? C’est pas vrai, on va faire l’interrogation maintenant, puisque la « star », selon les termes du professeur, est enfin arrivée ? Il m’adresse un sourire machiavélique, je l’avais dit, il me déteste. Si c’est pas la poisse ça là, je connais pas le nom…
Le reste de la journée se passe plus calmement,
Boris, est resté dans son coin, je ne me suis même pas occupé de lui un peu,
même pas un regard, on en a eu assez pour aujourd’hui.
Il est 18h, je vais rentrer à la maison, j’ai faim
dêh! A cause de cette histoire de taxi là, je n’avais même plus l’argent pour
manger à midi, mon malin aussi je voulais faire, j’ai dit à ma voisine que je
jeûnais, mais c’était anangoplan pour qu’elle me donne l’argent de mon
transport pour rentrer le soir. La fille aussi est partie, je n’ai pas eu le
temps de lui demander. Maintenant je dois marcher le ventre vide, et le sac à
dos rempli, avec toutes les péripéties de la journée qui m’ont déjà fatigué, et
en plus j’ai du sommeil en retard… Je suis en train de penser à mes problèmes,
et c’est le moment que choisi le responsable de ces problèmes là justement pour
venir à côté de moi. Sans me regarder et en tapant doucement dans la paume de sa
main avec son poing, il me lance d’une voix grave et très calme, mais non moins
menaçante, que c’est pas fini ! Je l’ai royalement ignoré. Ventre vide n’a
point d’oreille, donc je n’ai rien entendu.
Je suis sur le chemin de la maison, je suis fatigué, j’ai faim, mon royaume pour une téléportation. Mais j’y pense, et si je prenais le raccourci là, hummm !! Il parait que c’est le repère des drogués, et des voleurs, c’est dangereux…mais il est encore jour, à peine 18h, et puis ça va me faire rentrer plus rapidement à la maison. C’est décidé, j’y vais, je vais marcher vite vite, comme ça, je vais traverser la zone de turbulence en un rien de temps.
Je suis sur le chemin de la maison, je suis fatigué, j’ai faim, mon royaume pour une téléportation. Mais j’y pense, et si je prenais le raccourci là, hummm !! Il parait que c’est le repère des drogués, et des voleurs, c’est dangereux…mais il est encore jour, à peine 18h, et puis ça va me faire rentrer plus rapidement à la maison. C’est décidé, j’y vais, je vais marcher vite vite, comme ça, je vais traverser la zone de turbulence en un rien de temps.
C’est le repère des drogués, et des voleurs, c’est dangereux...
Je hâte mes pas, je suis presqu’arrivé dans la zone dangereuse,
un endroit abandonné, un labyrinthe de bicoques crasseuses, pas du tout
engageant. Je croyais arriver à ce niveau avant la nuit, mais tout est déjà
sombre, et c’est un endroit si isolé, qui m’a envoyé ici même ? Aller,
après toutes les épreuves que j’ai traversées dans la journée, je pense que je
peux affronter celle là aussi. Je prends mon téléphone portable pour m’éclairer
avec la fonction torche, j’avance d’un pas décidé.
J’entends du bruit derrière moi, on dirait qu’on me suit, j’ai cette impression depuis que j’ai quitté l’école. Hum ! J’ai une petite idée de qui ça pourrait être. Mes pas sont toujours aussi décidés, mais un peu plus...je dirais même, beaucoup plus accélérés. Les bruits sont plus précis, ce sont bien des pas, et ils sont plusieurs, trois à mon avis. Je cours presque, y'a pas affaire de surveillant ici ho, ça sera vrai vrai palabre villageois, on n’est pas encore arrivé sur ce chapitre au Dojo là bas…Ils vont bientôt me rattraper,tout d’un coup, mon sac est happé, je suis stoppé dans ma course, tiré violemment en arrière, je perds l’équilibre et je tombe. Dans un mouvement réflexe, j’enlève mon sac et j’essaie de me relever, un coup de pied me ramène à ma position initiale. Un coup de pied, dans la poitrine, ça c’est Boris. Je panique, qu’est ce qu’ils vont me faire, lui et ses brutes d’amis, y’a personne ici, et dans cette pénombre je ne vois pas grand chose. Je ne vais pas me laisser faire en tout cas, je fauche mon assaillant, il tombe, mais avant que j’ai pu me relever, il me saisit le cou et commence à le serré, les deux autres fouillent dans mon sac, éclairé par la torche de mon téléphone portable que j'ai laissé tomber au moment de ma chute.
Je panique vraiment, ma poitrine est oppressée, j’ai une nouvelle crise d’asthme. Il me faut ma Ventoline. J’essaie de faire une phrase malgré ma respiration saccadée, j’attrape son bras de mes deux mains, je ne peux pas le regarder dans les yeux, je vois à peine son visage. « Boris… Boris…pardon ! » J’arrive à formuler cette supplication. Mais c’est l’Horreur...
Un de ses compères, éclaire son visage de ma torche et il me dit d’une voix effroyablement laide, qui n’a d’égale que la fétidité de son haleine et l’état nauséabonde de sa dentition, c'est pas...Boris. Je suis terrorisé, je lâche immédiatement son bras, et j’essaie fébrilement de me défaire de son étreinte, mes mains et mes pieds balaient la poussière qui recouvre le sol crade, mais mon agitation ne sert qu’a aggraver ma situation, il serre encore plus fort mon cou, et mes spasmes s’intensifient.
Je tends ma main vers mon sac, un de mes ravisseurs, en sort ma Ventoline, il éclaire mon visage et comprend que c’est ce que je veux, il me nargue en faisant semblant de me la donner, le troisième lui dit que c’est ce qu’on «pivérise » dans les yeux, quand on « t’angresse » là, faut pas il va « s’amisé à me gué ça », leur nouchi est impeccable.
Il jette alors mon précieux remède loin d’eux en ricanant, et moi je ne vois plus d’issu à ma situation. Je suis de plus en plus faible, les sifflements de ma respiration sont de plus en plus aigues, ma poitrine se gonfle et se dégonfle à se rompre cherchant péniblement à remplir mes poumons d’air, mais ça n’émeut en rien mes agresseurs.
La fouille de mon sac n’ayant rien rapporté de satisfaisant, et mon téléphone étant considéré comme un bien maigre butin, mes tortionnaires décident pour compenser, de « finir » avec moi, j’entends là, mettre fin à mes jours ; mais que nenni, ils vont « s’enjailler », me faire un « trainli », me…« mougou ».
J’avais imaginé comment je perdrais ma virginité, mais ce cadre et ces personnages ne faisaient absolument pas parti de mon scénario.
Mon cou est libéré, je tombe sur le dos, haletant, le premier déboutonne son pantalon, j’entends la boucle de sa ceinture qu’il a enlevé, il s’attaque à mes vêtements, enlève mon pantalon et remonte ma chemise, il me retourne sur ventre... Je pousse un hurlement dont je ne me croyais plus capable, cette énergie insoupçonnée me permet de me retourner et de me débattre, mais ce répits est de courte durée, j’en peux plus, je ne peux plus lutter, c’est horrible ce qui m’arrive, je n’ai plus de souffle, je ferme les yeux, je me sens mourir…
J’entends du bruit derrière moi, on dirait qu’on me suit, j’ai cette impression depuis que j’ai quitté l’école. Hum ! J’ai une petite idée de qui ça pourrait être. Mes pas sont toujours aussi décidés, mais un peu plus...je dirais même, beaucoup plus accélérés. Les bruits sont plus précis, ce sont bien des pas, et ils sont plusieurs, trois à mon avis. Je cours presque, y'a pas affaire de surveillant ici ho, ça sera vrai vrai palabre villageois, on n’est pas encore arrivé sur ce chapitre au Dojo là bas…Ils vont bientôt me rattraper,tout d’un coup, mon sac est happé, je suis stoppé dans ma course, tiré violemment en arrière, je perds l’équilibre et je tombe. Dans un mouvement réflexe, j’enlève mon sac et j’essaie de me relever, un coup de pied me ramène à ma position initiale. Un coup de pied, dans la poitrine, ça c’est Boris. Je panique, qu’est ce qu’ils vont me faire, lui et ses brutes d’amis, y’a personne ici, et dans cette pénombre je ne vois pas grand chose. Je ne vais pas me laisser faire en tout cas, je fauche mon assaillant, il tombe, mais avant que j’ai pu me relever, il me saisit le cou et commence à le serré, les deux autres fouillent dans mon sac, éclairé par la torche de mon téléphone portable que j'ai laissé tomber au moment de ma chute.
Je panique vraiment, ma poitrine est oppressée, j’ai une nouvelle crise d’asthme. Il me faut ma Ventoline. J’essaie de faire une phrase malgré ma respiration saccadée, j’attrape son bras de mes deux mains, je ne peux pas le regarder dans les yeux, je vois à peine son visage. « Boris… Boris…pardon ! » J’arrive à formuler cette supplication. Mais c’est l’Horreur...
Un de ses compères, éclaire son visage de ma torche et il me dit d’une voix effroyablement laide, qui n’a d’égale que la fétidité de son haleine et l’état nauséabonde de sa dentition, c'est pas...Boris. Je suis terrorisé, je lâche immédiatement son bras, et j’essaie fébrilement de me défaire de son étreinte, mes mains et mes pieds balaient la poussière qui recouvre le sol crade, mais mon agitation ne sert qu’a aggraver ma situation, il serre encore plus fort mon cou, et mes spasmes s’intensifient.
C'est pas...Boris
Je tends ma main vers mon sac, un de mes ravisseurs, en sort ma Ventoline, il éclaire mon visage et comprend que c’est ce que je veux, il me nargue en faisant semblant de me la donner, le troisième lui dit que c’est ce qu’on «pivérise » dans les yeux, quand on « t’angresse » là, faut pas il va « s’amisé à me gué ça », leur nouchi est impeccable.
Il jette alors mon précieux remède loin d’eux en ricanant, et moi je ne vois plus d’issu à ma situation. Je suis de plus en plus faible, les sifflements de ma respiration sont de plus en plus aigues, ma poitrine se gonfle et se dégonfle à se rompre cherchant péniblement à remplir mes poumons d’air, mais ça n’émeut en rien mes agresseurs.
La fouille de mon sac n’ayant rien rapporté de satisfaisant, et mon téléphone étant considéré comme un bien maigre butin, mes tortionnaires décident pour compenser, de « finir » avec moi, j’entends là, mettre fin à mes jours ; mais que nenni, ils vont « s’enjailler », me faire un « trainli », me…« mougou ».
J’avais imaginé comment je perdrais ma virginité, mais ce cadre et ces personnages ne faisaient absolument pas parti de mon scénario.
Mon cou est libéré, je tombe sur le dos, haletant, le premier déboutonne son pantalon, j’entends la boucle de sa ceinture qu’il a enlevé, il s’attaque à mes vêtements, enlève mon pantalon et remonte ma chemise, il me retourne sur ventre... Je pousse un hurlement dont je ne me croyais plus capable, cette énergie insoupçonnée me permet de me retourner et de me débattre, mais ce répits est de courte durée, j’en peux plus, je ne peux plus lutter, c’est horrible ce qui m’arrive, je n’ai plus de souffle, je ferme les yeux, je me sens mourir…
C’est donc ça, j'ai rendu l'âme. C’est pour ça que je me sens si léger, si reposé. Je suis au Paradis j’espère, je l’ai bien mérité, après la journée que j’ai vécu, et surtout la fin que j’ai eu, c’était déjà plus qu’un enfer. Les formes et les voix se font plus précises, des Anges ? Non, un Docteur, Maman, Papa, je reconnais maintenant cette odeur, c’est de l’éther, je suis à l’hôpital, l’odeur rassurante de l’hôpital, beaucoup ne l’aime pas, mais moi la sentir, ça m'apaise…
...Un Docteur, Maman, Papa...
Mes parents exultent de joie, ils sont soulagés de voir que je reviens à moi. Ma mère pleure, elle loue le Seigneur en levant les mains vers le ciel et en dansant, mon Père moins démonstratif, souri et me tient les pieds, malgré sa retenue il ne peut empêcher une larme de couler sur sa joue. Mais qu’est ce qui c’est passé, comment je me suis retrouvé là, je veux ouvrir la bouche pour parler, mais j’ai terriblement mal, je n’y arrive pas. Le médecin, m’explique qu’il faut que j’évite de parler, à cause du traumatisme laryngé que j’ai subi, c’est avec moi il veut rentabiliser ses quinze ans d’étude là, en utilisant son gros français là. Il se retourne vers mes Parents, il comprend l’euphorie, mais il leur demande gentiment, surtout à Maman qu'il connait bien, de se calmer, parce que je suis encore faible et que j’ai besoin de repos. Ils me disent qu’il y’a quelqu’un qui aimerait me voir, ma voisine sûrement, ou peut être mon oncle. Le médecin ouvre la porte pour laisser entrer…Boris. Boris ? Je veux me redresser pour être sûr que c’est lui que je vois, déjà que je ne peux même pas parler là, c’est me lever là je veux faire. Il ce précipite vers moi et d’un geste prévenant, me demande de ne pas bouger. Il s’assoit sur la chaise près de mon lit, il a le bras dans une écharpe, et j'ai vu qu'il boitait un peu. Il m’explique ce qui s’est passé.
Quand on s’est quitté devant l’école, il s’est mit à me suivre à bonne distance, bien décidé à régler ses comptes avec moi, mais arrivé au raccourcis lugubre, il a perdu ma trace, il m’a cherché pendant un moment et s’est résolu à abandonné, quand il m’a entendu crier très fort, il a su alors que j’étais en danger, un danger bien plus grand et plus sérieux qui lui-même. Il m’a retrouvé au milieu des trois junkies qui avaient un terrible projet pour moi, et mon petit corps d’adolescent à peine mûre. Il s’est alors jeté sur mes agresseurs, armé d’un gros morceau de bois qu’il avait ramassé, il s’est battus comme un beau diable, et après avoir blessé l’un d’entre eux au visage, aucun des trois n’a demandé son reste et ils ont détalé comme des lapins. Il m’a alors porté à bout de bras jusqu'à cet hôpital, qui heureusement n’était pas loin, et j’ai pu recevoir les premiers soins qui m’ont sauvé la vie. Il a reçu des coups à la jambe et à l’épaule, mais il s’en remettra. Je lui prends la main qu’il a posée sur le lit, et je la serre doucement pour lui dire Merci.Pour une mauvaise journée, elle s'est plutôt bien finie.
...Je lui prends la main qu’il a posée sur le lit, pour lui dire Merci...
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