Marco et sa vie de branché à Abidjan (Episode 15)

Résumé des épisodes précédents:

Marco est un jeune branché de 17 ans qui rêve de trouver l’Amour…

Jordan, la star hétéro de l’équipe de basket du lycée, dont il est amoureux secrètement, se fait poignarder en voulant le défendre contre une bande de voyous homophobes…

Convaincu que c'est de sa faute surtout après avoir été chassé de l’hôpital par la petite amie de Jordan, notre ami décide de disparaitre de la vie du blessé…

Pour l'aider à oublier son chagrin, Chouchou le meilleur ami de Marco, lui présente Hamed, beau garçon déluré qui assume complètement sa bisexualité et qui devient complément fou de lui…

Mais durant les préparations du BAC au Lycée, Marco par un concours de circonstances commet l’irréparable, il perd sa virginité avec la personne qu’il pensait avoir rayé de sa vie : Jordan !

Le Salaire de la Trahison

Episode 15 : Le Salaire de la Trahison

-          Oh mon Dieu, j’ai jamais ressenti une chose pareille ! s’exclame Chouchou en posant ses deux mains contre sa poitrine à l’image des saints qu’on rencontre sur le vitrail des églises.

-          Vraiment… dis-je souriant.

-          Oui, il embrasse comme un dieu !

Je croise les bras, le regard vide.

Le chauffeur de Chouchou apparait au coin de la route.

-          On te laisse à la maison ? fait-il avec une gaieté inhabituelle.

-          Ce serait cool de ta part !

-          Mais je suis cool, dit-il en me regardant du coin d’un œil suspicieux.

Nous nous installons dans le cabriolet puis elle démarre à toute vitesse.

-          Alors tu vas me dire enfin ce qui se passe ? finit par lâcher Chouchou.

Je lui souris d’un air béat pour masquer mon malaise.

-          Ahi y’a rien… Juste un peu fatigué…

Mais je sais que le deuxième prénom de Chouchou est « Perspicacité » et quand il ouvre la bouche, je m’attends naturellement à une pluie de questions pièges. Mais là je suis sauvé par la sonnerie de son téléphone portable et surtout par la personne à l’autre bout du fil : John le Blackiss!

Je vois immédiatement son visage s’illuminer d’une sorte de ravissement que seule une naissance amoureuse peut procurer. Je pose donc ma tête contre la vitre du véhicule et regarde les rues d’Abidjan défilées avec une grosse boule dans la gorge.

Je regarde les rues passées avec une grosse boule dans la gorge...

Nous arrivons bientôt dans mon quartier. Au coin de la rue, non loin du parking désert, je sursaute quand j’aperçois de loin Hamed qui m’attend patiemment assis sur le capot de la voiture de sa mère.

-          Ah tiens, n’est-ce pas ton preux chevalier qui t’attends là bas ? dit Chouchou avec son ton morne.

J’ai envi de lui dire : « Oui malheureusement. »

Les deux tombent dans les bras l’un de l’autre pour bien marquer leur longue amitié.

-          Alors, comment ça s’est passé ?

-          Super bien et je ne te parle pas d’étude…

Chouchou s’interrompt un instant et lui glisse quelques mots à l’oreille avec un air plein d’espièglerie.

Hamed s’esclaffe :

-          Tu es donc casé… c’est super ça !

-          On ne peut pas dire exactement ça… bon dieu, si tu le voyais…Il est beaucoup trop éloigné de mes critères d’AVALON !

-          Ah tes fameux critères d’Avalon, c’est bien, dit Hamed en m’effleurant discrètement la main.

Chouchou comprend bien vite qu’on a besoin d’être seuls.

-          Allez les tourtereaux, je vous lâche… ne faites pas trop de bêtises, le BAC c’est dans seulement deux jours, fait –il en montant dans la voiture qui démarre aussitôt.

Hamed m’aide gentiment à porter mon sac jusqu’à chez moi.

C’est Ama, la servante qui m’ouvre. Elle semble étonner de me voir rentrer si tôt.

-          Ahi préparation de BAC là est finie déjà wa ???

-          Non, non, dis-je calmement. Il reste encore pour toi là bas un peu !

-          Hum, tu veux me parler mal quoi !

Nous traversons le salon et nous nous dirigeons directement dans ma chambre.

A peine ai-je franchi le seuil de la porte que Hamed jette le sac sur le lit, m’enroule de ses bras et m’embrasse à en perdre l’haleine.

-          Tu m’as trop manqué bébé, murmure-t-il entre deux longs baisers.

J’essaie puis je réussis à m’échapper de son étreinte par une excuse.

-          S’il te plait Hamed, je dois aller aux toilettes !

J’ai encore et toujours cette boule dans la gorge. Dans la douche, je fais couler l’eau du lavabo et en met partout sur le visage. Je surprends mon reflet dans le miroir. Mon visage est dur et impassible. J’ai perdu toute innocence. Je suis devenu une garce. Est-ce moi ?

Est-ce moi?

Le téléphone se met à vibrer dans mon pantalon. L’écran affiche un nom de 6 lettres. Jordan.

Je décide de ne pas décrocher et le pose sur le rebord. Mais il ne cesse de vibrer. Et encore. Et encore. Et encore…

Je cède à la colère.

-          Tu vas me foutre la paix, oui ! dis-je en criant presque.

Le silence se fait. Un silence de désespoir profond puis j’entends un murmure.

-          Il faut qu’on discute Marco…sil te plait… Je veux te voir… Je n’arrive plus à réfléchir ni à réviser… Je dois te revoir….

Une marrée de larmes monte à mes yeux.

-          Pourquoi est-ce que tu me fais ça, Jordan ? Pourquoi tu joues avec moi comme ça !

Je ne reconnais pas ma propre voix. Je suis dévasté.

-          Il faut qu’on se revoie… Je peux passer chez toi, ce soir même… Accorde-moi juste ça…

Soudain, un baiser se pose sur mon cou. C’est Hamed.

-          Tu sais que tu es sexy ce soir…ronronne-t-il en m’entrainant vers lui.

J’ai un mouvement de haut le corps qui le fait sursauter.

-          Franchement, tu ne penses qu’à ça toi, Hamed !

Il est trop tard. J’ai parlé sans réfléchir.

Qu’aurai-je pu faire d’autres ? Hamed est blessé. Profondément. Sa respiration devient stertoreuse.

-          Ecoutes Marco… C’est pas parce que tu sais que  je t’aime que tu vas me traiter comme ton animal de compagnie !

-          Mais…

-       Non, tu m’arrêtes ça ! Je ne peux pas te toucher, t’embrasser et même t’envoyer des SMS… Dans ce cas, je suis ton mec pourquoi ???

-          Je ne …

-          Non ça suffit ! Je vais te laisser te concentrer sur ton BAC… Après on en discute !

Et il quitte la maison, une colère à peine contenue se lisant sur son visage.

Je reste là interdit. Sans bouger.

Ce n’est qu’après 5 minutes entières que je me rends compte que Jordan est toujours en ligne.

-          Alors tu acceptes de me revoir ce soir ? Je viendrai…

La question finit par arriver à mon cerveau et la réponse me parait évidente :

-          Non JAMAIS, oublies-moi !

Oublies-moi!

»»»»»» » » » » » » » » » » » » » »

Les jours qui suivent, je suis obligé de mettre de côté mes problèmes sentimentaux pour me concentrer sur ce qui à l’instant est vraiment important : AVOIR LE BAC.

C’est bien sûr plus facile à dire qu’à faire. Mais il a suffit que le premier jour ma prestation soit proche de la catastrophe pour que je me ressaisisse. Et comme tout examen important, je me retrouve le vendredi soir lessivé comme si j’émergeais d’un étrange rêve.

Le soir de l’après BAC, je suis devant le portail de mon centre d’examen au milieu d’une foule d’élèves braillards et heureux de s’être enfin débarrasser de ce spectre qui les a obsédé toute l’année. Je ne sais pas vraiment où aller quand je vois garer devant moi une Mini Coopers avec au volant Chouchou.

-          The BAC is OOOOOVER !!! Hurle-t-il en levant les mains en l’air.

Je sens que la nuit sera longue. Très longue. J’appelle derechef maman pour lui servir un mensonge savamment préparé qu’elle accepte avec mauvaise grâce.

Nous rejoignons Yannick et Lily d’abord à la DOLCE VITA, histoire de prendre des forces avec 4 pizzas bien calorifiques et ensuite vers 22heurs, nous nous jetons dans la ville avec un seul point de chute le bar le plus branché de la Capitale : Le Lycée.

Evidemment, c’est bondé à en crever. Mais Esmel et John le Blackiss (qui apparemment s’est fait une place dans le groupe) ont réservé une table déjà pleine de bouteilles de bière à moitié entamées.

-          BAC est fini ohhh…Les gazoils avec voiture de Chouchou vont recommencer, fait Yannick en nous faisant des smacks bruyants.

-          Euh non, pas trop de gazoils. Je veux profiter des moments d’intimité avec mon Johny !

-      Humm ma chérie, tu aimes garçons dèh ! c’est pas comme ça on fait…On abandonne pas ses sœurs ! commente Esmel.

-          Il ne nous abandonne pas. C’est juste un repli stratégique, justifie Lily.

-          En parlant de repli, j’ai une idée : Et si on allait à Assinie demain samedi pour revenir dimanche ???

-          Bonne idée Chouchou ! sursaute de joie Yannick. Dans la jolie Maison de ton Oncle là non ???

-          Ah les gars, moi je bara demain dèh !

Esmel jette un regard mauvais à John qui regrette aussitôt sa phrase.

-          Chouchou, ton nouveau gars là ne veut pas durer dans foyer là, on dirait !

-          Pardon enlève ta bouche sur mon bébé.

-          Et toi Marco, tu veux venir avec nous ?

C’est une question simple à laquelle je n’ai aucune réponse.

Mais quelqu’un derrière moi pose des mains sur mes épaules et dit avec toute l’assurance du monde :

-          Oui, il viendra avec nous !

Je n’ai pas besoin de me retourner pour savoir à qui appartient ce parfum capiteux. Hamed.

Il s’assoit à ma droite et me serre contre lui.

-          Je ne veux plus qu’on se dispute…. Je t’aime trop pour ça…

»»»»»» » » » » » » » » » » » » » »

-          Ah l’argent est trooooop !!! s’écrit Yannick en voyant l’énorme 4 X 4 que Chouchou a fait sortir du Parc auto de son oncle pour nous conduire.

Très tôt vers 7h00, nous voilà donc en partance pour Assinie dans une euphorie générale. Mais à la vue de l’embouteillage qui se profile déjà à l’entrée de Bassam, nous nous rendons compte que nous n’avons pas été les seuls à avoir cette idée de génie…

Les yeux encore plein de la fatigue de la sortie d’hier, c’est donc dans un demi-sommeil que nous atteignons les magnifiques plages de ce bout de paradis.

Les senteurs salines de l’océan nous accueillent et nous réveillent bien vite.

Un bout de Paradis nommé Assinie...

Nous regagnons chacun nos chambres sous les regards blazés du gardien et du cuisinier. Je vérifie bien que mon portable est sous  silence et je me couche sous la couette, frileux du fait de la climatisation. Hamed m’y rejoint et nous nous embrassons encore. Mais je sens que cela ne lui suffit plus. Il devient de plus en plus entreprenant. Il veut aller plus loin mais il s’y retient… du moins jusqu’à ce soir.

La nuit, un superbe diner nous attend sous l’apatam. Et Chouchou en « bonne maitresse » de maison a tout prévu jusqu’aux règles écrites des jeux de société après le dessert.

Bien sûr, les premiers jeux cérébraux font vite place au divertissement maitre des branchés abidjanais : Action ou vérité !

Et j’avoue qu’au moment où on l’évoque, mon sang fait un tour complet dans mes veines.

Le principe est simple, deux bocaux sont placés : chacun y met sur des bouts de papier une action à faire ou une vérité à dire. Et les tirages se font dans le sens contraire de l’aiguille d’une montre.

Aussitôt que le jeu commence, je prétexte à dessein d’un mal de tête.  Mais Yannick sort de ce je ne sais où une boîte d’aspirine.

-          J’ai prévu ça pour les petits malins comme toi, dit-il d’un clin d’œil.

De mauvaise humeur, j’en prends et le jeu peut commencer.

La première personne à s’y collé est Lily ; elle tire une question facile : « A quel âge as-tu su que tu étais branché ? »

-          A l’âge de 14 ans, lorsque je suis tombée amoureuse d’une fille de mon internat. Putain, elle était chaude comme la braise et elle avait…

-          Haaa, c’est bon, avec vos histoires de lèche-lèche là ! fait Esmel.

-          Tchrouu !

Au tour de Yannick. Action : « Embrasse ton voisin de gauche ! ». Mais il s’avère que le voisin de gauche soit Esmel. Tous les deux font des têtes bizarres comme s’ils venaient d’avaler de la nivaquine.

-          Ca c’est de l’inceste ça ! s’esclaffe Hamed.

-          Non plutôt du vrai lesbianisme ! ricane Lily…

-          Tchrouuu ! Je suis un vrai garçon ! se vexe Yannick.

Au tour de John qui n’a pas trop l’air de comprendre les règles du jeu.

-          Tu es de quelle ethnie, John ? demande Yannick d’un air moqueur.

-          Je suis bété, pourquoi ?

-          Ah dommage, sinon j’allais traduire pour toi comme apparemment français est trop dur pour toi là !

-          Yannick, je n’aime pas ça hein, fait Chouchou en embrassant John. Bébé, choisis juste un bout de papier dans l’un des bocaux…

John tire dans Action et tombe sur : « Fais nous un striptease ! ».

-          Euh ça veut dire faut danser quoi ! lance Yannick en se tordant de rire malgré et surtout à cause des regards en furie que lui jette Chouchou.

Esmel trouve dans son téléphone portable une musique sexy et entrainante. Mais John n’est pas très convainquant. Il danse comme un piquet.

-          Ah moi je ne sais pas guincher sur ça là heinn !

-          Bon, j’ai une autre chose pour toi comme tu veux guincher là, intervient Lily en lançant le dernier tube d’Arafat.

John s’y retrouve très tôt. Il commence à se déhancher comme s’il avait le diable au corps et quand il enlève son tee-shirt. Oh Putain. Nous restons tous bouche bée devant cette parfaite musculature.

-          Ha ça c’est ce qu’on appelle un mec, un vrai ! félicite Hamed en faisant un clin d’œil à Yannick qui fait la moue.

-          Chouchou tire dans Vérité et tombe sur un classique : « C’était quand ta dernière fois ? »

Il regarde sa montre et lâche :

-          Euh il y a à peine 2 heures cet après midi…et croyez moi…c’était hummmmm !

-          Ah la sordide ! rit Esmel, je suis jalouse !

Tout le monde rit de bon cœur…

Je sens la main de Hamed sous la table me caresser la cuisse. Puis tous les regards convergent vers moi. Je suis surpris. Je me demande bien ce qui se passe.

-          Ahi, c’est ton tour ! Ou bien, tu as encore mal à la tête ? fait Lily traître.

Je plonge ma main dans le bocal Vérité : « Raconte nous ta première fois ! »

Mes yeux s’écarquillent. Je suis désarçonné par la question.

Yannick jette le bout de papier et se plaint :

-          Il a fallu que cette question tombe sur Sainte Marco, Patronne des toutes les pucelles !

-          Vas te faire foutre Yannick ! dis-je en quittant la table.

Le silence se fait.

-          Ahi, j’ai dis quoi ohh !

-          Toi et tes allusions à deux balles, j’en ai marre !

-          Héé Marco, il plaisante, c’est tout…dit Lily.

-          Moi-même, je le comprends pas…Deux jours là, son cœur est gros sur les gens comme ça !

Je me dirige vers ma chambre.

-          Prochainement s’il a mal à la tête là, laissez-le chez sa maman là bas… tchrouu ! entends-je derrière.

Je m'assoie sur le canapé et j’éclate en sanglots.

J'éclate en sanglots...

Hamed me rejoint et sans rien me demander me serre contre lui. La chaleur de son corps finit par me consoler. Mais quand je ferme les yeux et malgré tous mes efforts, ce n’est pas lui que je vois. C’est un autre. Jordan. Et cela me fend l’âme…

Je finis par m’endormir et me réveiller au petit matin.

Hamed est assis près de la fenêtre, le regard lointain et perdu.

Hamed a le regard lointain et perdu...

Je m’approche de lui, d’un geste hésitant et j’enroule mes mains autour de son cou.

Dehors, le soleil vient à peine d’éclore…

-          Tu penses à quoi ?

-          A plein de choses…

-          Comme ?

-          Comme à toi par exemple…

Je l’embrasse de peur qu’il dise une chose inquiétante.

Mais il me repousse doucement.

-          J’ai été égoïste Marco, continue-t-il.

-          Pourquoi tu dis ça ?

-          Je ne pensais qu’au sexe…et je t’ai effrayé…Je n’ai pas su te mettre en confiance…te prouver que je t’aime…

-          Tu sais, je comprends  que tu ais…

-          Non, interrompt-il en levant des yeux aimants vers moi… Non…j’ai été égoïste. Je te jure que plus jamais je ne t’embêterai avec ça. Je suis capable d’attendre 1 et même 10 ans…Le plus important c’est qu’on soit ensemble… J’ai trop peur de te perdre Marco… L’idée même m’est insupportable !

Je pose mes lèvres contre les siennes balbutiantes.

-          Tu ne me perdras pas…Je te jure !

»»»»»» » » » » » » » » » » » » » »

Ce dimanche là, tout se passe comme dans un rêve. Nous le passons dans la piscine à rire, rigoler, s’éclabousser et s’aimer. Chouchou est plus amoureux que jamais de John, de son naturel déconcertant, de sa générosité et surtout de son désintéressement.

Et j’avoue que nous tous, regardons ce couple mal assorti avec une secrète jalousie. Surtout moi.

Vers 16 heures, nous savons que nous devons chercher à regagner Abidjan. Les affaires sont rangées. Chouchou et moi plus vite que les autres. Nous les attendons donc devant la voiture pour faire patienter le chauffer qui commence à grommeler.

-          A ta tête, je pressens qu’il n’y a rien eu de concluant cette nuit avec Hamed, fait Chouchou en s’arrangeant les cheveux dans le rétroviseur.

-          Je ne suis pas prêt… dis-je d’un ton sans appel.

-          Pas prêt pour Hamed ou pas prêt tout court ?

La colère commence à nouveau à monter en moi. Chouchou qui l’a senti se tourne vers moi.

-          Et s’il te plait, évite de me faire le même numéro qu’hier avec Yannick. Ca marche avec les autres mais pas avec moi…

Je descends aussitôt de la voiture, loin des allusions de mon meilleur ami et comme je m’y attends, il fait de même.

-          Je suis ton ami Marco mais je n’accepterai pas que tu joues avec les sentiments d’Hamed… Surtout parce qu’il a déjà assez souffert !

Sauvé par le gong, les autres arrivent au pas de course. Je vais me blottir dans les bras d’Hamed qui me jette un beau sourire de reconnaissance.

-          J’ai passé un merveilleux week-end à tes côtés, dit-il en me baisant le front.

La voiture démarre. Nous arrivons à Abidjan sain et sauf même si le chauffeur super pressé manque à deux ou trois reprises de nous jeter dans un bas-fond.

Pour me racheter de mon humeur insupportable, je me décide de descendre avec Hamed à l’appartement de sa mère pour lui faire un coucou.

Je la retrouve au salon avec deux amies aussi anciens mannequins à bavarder bruyamment autour d’une bouteille de Whisky Pêche.

Je la retrouve avec deux amies anciens mannequins comme elle...

Quand elle me voit, Mme N’Diaye me lance un grand sourire chaleureux.

-          Regardez qui voilà !!!

Elle me prend par la main et me les présente.

-          Mesdames, voici Marc-Olivier, le délicieux petit ami de mon Bijou..

-          Ahhhh ! font-elles en chœur.

-          Eh oui, il a du gout mon fiston.

Bien sûr, je n’ai pas besoin de vous dire que je suis extrêmement mal à l’aise. Hamed vient donc à ma rescousse.

-          Il est fatigué Maman. Il va rentrer.

-         Attendez ! Attendez ! fait-elle en courant jusqu’à la cuisine pour me rapporter deux parts de gâteaux au chocolat. J’ai mis une journée entière pour le faire. Vous allez me dire ce que vous en pensez.

-          Maman, il est pressé !

-          Non, Hamed. Je veux bien en prendre !

-          Ha voilà un beau fils éduqué comme il faut ! dit-elle heureuse.

J’en prends une grosse part pour lui faire plaisir et je me mets à table. A ma grande surprise, ce gâteau est divin ! D’ailleurs, je ne me fais pas prier pour le lui dire.

-          Ah ah, j’ai plusieurs cordes à mon arc ! triomphe-t-elle.

-          Sauf que ton arc est perdu…fait une de ses amies avec sarcasme.

Hamed qui transpire à cause des deux sacs à porter, me fait signe qu’il va rapidement prendre sa douche pour me raccompagner jusqu’à chez moi.

Je reste donc en compagnie de mes nouvelles amies et j’écoute religieusement la conversation de ses trois femmes qui tourne autour d’un seul et même sujet : Les mecs !

Après 30 longues minutes. Point de nouvelles d’Hamed. Je me décide donc d’aller le débusquer.

Je trouve la porte de la chambre entrouverte et je n’entends aucun bruit d’eau qui coule.

Je la pousse négligemment et je tressaille. Je sais exactement ce qui vient de se produire. Hamed est assis sur le lit regardant fixement, presqu’obsessionnellement l’écran d’un téléphone portable…le mien.

-          Qu’est-ce que tu fais ? dis-je avec un calme face auquel je suis le premier surpris.

-          Je suis entrain de lire un message d’un certain Jordan.

-          Qui te donne le droit de lire mes SMS???

Il lève des yeux où s'est égaré un vaste chagrin vers moi.... Ils me glacent sur le champ...

Ses yeux me glacent sur le champ...

-          Et toi, qui te donne le droit de me trahir et de m’anéantir comme ça !

J’ouvre la bouche mais aucun son n'en sort...

-          Depuis hier à aujourd’hui, il t’a envoyé près de 50 messages où il te demande pardon pour le mardi passé… ce mardi là où…

Il se met à pleurer comme un enfant et j’entends entre deux sanglots.

-          …ce mardi là où vous avez couché ensemble…

A ces mots, je m’effondre à ses pieds.

-          Est-ce que tu le sais… Est-ce que tu sais que je t’aime ???

-          Oui Hamed…je sais…

Brusquement il se lève et me saisit par les cols.

-          Alors pourquoi tu m’as fait ça hein ! POURQUOI ???

Je pense qu’il est entrain de devenir fou tellement il hurle.

-          Je vais t’expliquer, dis-je pris de panique.

Mme N’Diaye et ses amies accourent pour le calmer. Hamed se jette dans les bras de sa mère et fond en larmes.

-          Qu’est-ce qui se passe ???

-          Il m’a trompé… Il m’a trahi Maman… Je veux qu’il s’en aille !

Je veux dire quelque chose mais le regard de sa mère m’intime l'ordre de me taire.

-          Hors de ma vue, fiston, crache-t-elle comme une sentence. Dégage de ma maison !!!

Je sais qu’il est l’heure que je fasse profil bas et que je disparaisse. Je tourne les talons et sors de la chambre.

Au seuil de la porte principale, Hamed sort de derrière moi et jette mon sac à terre et mon portable à la figure.

-          Je te jure devant Dieu que tu vas me le payer un jour ! Je te le jure !

Ce sont ses derniers mots...

Je me dérobe de son regard haineux tel un voleur…un traître…et un lâche...

Le salaire de la trahison n'est qu'une question de date... Je viens de recevoir le mien...

Le Salaire de la trahison n'est qu'une question de date...

Fin de l’épisode 15

Laissez des commentaires anonymes ou à découvert qu’importe !

Vous n’êtes plus seuls !